Culture et dépendances : le crime de lèse-majesté de Fleur Pellerin…

Pourquoi pas un petit pèlerinage en bibliothèque pour raffermir la culturelle étiquette… ?

Et nous confierions le Ministère de la Culture (!) à qui ne peut même pas citer un ouvrage du prix Nobel de littérature 2014 ?

T’es ministre de la Culture et t’as pas lu Modiano, non mais ! allo quoi… Allo !

Suffit, on aura tout dit d’un crime dont le bien-fondé… reste à inventer.

Je fustige et j’attaque ceux qui prompts à faire feu de tout bois pour alimenter le feu de la critique oiseuse et racoleuse… s’enorgueillissent de conférer en toute gratuite au propos le plus anodin toute l’atrocité du forfait ultime, alors même qu’il leur arrive de porter au pinacle la plus vile des inconsistances politiques. C’est un fait, et je m’empresserai de l’expliciter.

S’il est bien vrai que tergiverser sur du non sens confine à l’absurde, c’est pourtant ce que je ferai… mais uniquement pour vilipender et mettre à terre ces vulgaires couteaux de guerrier qu’on a tôt fait de lever pour asséner sur le bec de n’importe qui – vous, moi, les politiques… – des accusations sans queue ni tête. Accuse-t-on la Ministre de la Culture de ne pas avoir lu le prix Nobel… ? De ne pouvoir citer aucun des ouvrages de celui à qui on l’a décerné, alors même qu’elle vient de déjeuner en sa compagnie ? Lui reproche-t-on de n’avoir pas une minute à elle pour lire autre chose que des articles de loi ou des actes juridictionnels… ? Ou de ne pas lire ?

Ce flou artistique (de quoi accuse-t-on finalement ? Et qui accuse-t-on ?) témoigne à merveille de l’auto-caricature journalistique qui s’opère : le pseudo-choc qu’on éprouve au sein de l’intelligentsia politico-médiatique face à la réponse de F. Pellerin lorsqu’on l’interroge sur l’œuvre du Prix Nobel 2014, et ce foisonnement des questions, qui s’énumèrent pêle-mêle dans un climat de stupeur absurde, sont à l’image de la cacophonie médiatique ambiante, de ce talent prodigieux que manifestent aujourd’hui tous ces damnés des data dévidées en masse sur l’autel de la vérité, ces gratte-papier d’une info distillée en mode génération spontanée-dévoyée, et toujours enclins à bâtir du rien sur du rien… Le summum de ce vide médiatique qui confine à la désinformation : un vulgaire bruitage sauvage destiné à susciter la polémique gratuite.

Car si l’on y regarde de plus prêt, le crime est bien moins terrible qu’on aimerait le faire accroire.. Demande-t-on à la Culture de toute savoir ? Lui demande-t-on d’avoir tout lu, tout vu… ? Que son porte-parole n’ait pas lu Modiano ni même plus d’un livre en deux ans porterait donc le coup de disgrâce définitif au Ministère qu’elle représente ? D’où vient donc ce raccourci sidérant, et si inconséquent ? Il signifierait que F. PELLERIN se refuse à lire et que ce fait même révèle à lui seul toute l’incompétence du Ministère ?

Combien de raccourcis, au final, dans ce tête-à-queue étriqué ? Car au delà-même de la place du livre dans la vie d’un individu, c’est bien ici d’inculture et d’inaptitude qu’on la taxe. Est-ce à dire qu’il faille mesurer la culture à la quantité de lignes ingérées ? Mesurer la culture d’un ministre attaché à la Culture à l’aune du nombre de bouquins qu’il se serait appropriés comme un butin ? Ce serait bien réducteur pour cette Culture française qui fait la fierté de tant d’âmes émerveillées ; et ce serait faire bien peu de cas de tous ces médias attelés à la véhiculer. Alors d’accord, à l’heure d’Internet, ce vecteur premier du savoir, de l’idée, de la pensée demeure toujours, semble-t-il, ce sacro-saint LIVRE. Mais quand même… ? Peut-on oublier que si le livre est le berceau de la connaissance, c’est d’abord – bien plus que l’objet – l’écrit lui-même, ce mélange de caractères, de sens et de tonalité qui signifie ? « Commençons par cultiver notre jardin », nous disait quelqu’un.

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